Alperen Şengün, 19 ans et 2 mois, est le 16e choix de draft de la cuvée 2021 qui a donc rejoint la franchise des Houston Rockets le 29 juillet dernier. MVP du championnat turc dès sa première saison en tant que professionnel, l’intérieur de 2m08 est comparé à Doncic par sa précocité et à Jokic pour sa maîtrise des fondamentaux, son jeu de passe et son intelligence de jeu. Voyons de plus près son profil, et le potentiel auquel il peut prétendre.

par Allan Machado (@Mathusalem370)


Natif de Giresun, ville côtière bordant la mer noire au nord de la turquie, Alperen Şengün ne parle pas anglais et ce pourrait évidemment être un facteur handicapant pour lui dans bien des aspects du jeu tels que la communication avec ses coéquipiers, la lecture des aides adverses ou la relation avec l’arbitrage.

Pourtant, cela ne s’est pas vraiment remarqué en summer league et sur ces 5 premiers matchs en NBA, où au-delà des statistiques brutes, l’ailier-fort/pivot turc a montré d’excellentes qualités sur plusieurs aspects du jeu et impacté positivement les performances globales de l’équipe.

Ce sont certainement ses contres qui ont le plus marqué le public visuellement. Pourtant, ce n’était là qu’une partie émergée du jeu défensif du joueur. En effet, son placement et sa lecture en défense l’ont souvent mis sur le chemin des attaquants adverses avec justesse. Il saute verticalement et prend soin de ne pas provoquer la faute tout en gênant le plus possible son opposant.

Ensuite, son jeu au poste a été létal en attaque. Il montre ainsi qu’on peut peser offensivement en maîtrisant ses fondamentaux et notamment le célèbre bras-roulé qui a permis à Kareem Abdul-Jabbar de régner sur la ligue comme meilleur scoreur jusqu’à aujourd’hui.

En dehors de ses fixations au poste, amenant des points ou des ouvertures pour ses coéquipiers lorsque la défense resserrait sur lui, Alperen Sengun a aussi montré un dribble intéressant et un excellent sens du jeu pour s’adapter à la défense, la tromper, et marquer. On vous invite par exemple à revoir cette séquence sur les pauvres joueurs des Pistons:

Behind-the-back, spin-move et finition légère près du cercle, passant ainsi deux défenseurs avec une aisance visuelle claire.

Il a montré sur quelques séquences un potentiel intéressant en partenaire de pick&roll, notamment sur une action avec Jalen Green où il passe la balle à ce dernier depuis la ligne des trois-points après un bel écran. Malheureusement pas d’extrait disponible.

Enfin, le dernier point positif vu sa grosse activité au rebonds : il était souvent le meilleur de l’équipe dans ce registre. Il sort de l’adolescence et son gabarit est encore un peu frêle, c’est donc un bon point car la logique voudrait qu’avec de l’exercice il soit encore meilleur dans ce domaine. C’est son placement, encore, qui lui a permis de récupérer autant de ballons tant offensivement que défensivement.

A noter comme point négatif, et c’était déjà isible en Turquie et sur les scouting reports, il souffre d’un manque de mobilité normal pour sa taille mais qui sera sans doute pénalisant lors de séquence de défense extérieure en NBA. S’il est très bon pour garder le panier, il est un défenseur assez limité sur l’homme en dehors de la raquette. Cela pourrait l’amener à être ciblé, notamment en “switch” (lorsque l’attaquant change de défenseur grâce à une pose d’écran forçant la défense à interchanger le défenseur habituel de l’attaquant avec le grand qui défend le poseur d’écran, dans ce cas-ci Alperen Şengün donc).

A signaler, quelques step-backs et trois points quasiment 1 mètre derrière la ligne des trois points. Sur pick&pop, il n’hésite jamais à prendre son tir de loin ce qui lui permet aussi de feinter et dribbler vers le cercle. C’est donc un bon point de départ, sans être une vraie menace dans ce secteur du jeu.

Difficile d’estimer le temps de jeu qui lui sera accordé lors de cette saison, mais on peut estimer qu’il aura au moins un rôle de premier remplaçant de Christian Wood/Danieil Theis. Ainsi, on pourrait partir sur une quinzaine de minutes par match au minimum. Que pourrait-donner Alperen Şengün lors de sa saison rookie en NBA ? On a eu un aperçu sur ce début de saison régulière mais nous prenons un petit pari, même si tout cela reste très spéculatif car sa situation peut évoluer dans le bon ou le mauvais sens et son temps de jeu avec : en 2021-22, Alperen Şengün tournera donc en 8 pts – 8 reb – 0,4 pad à 46% dont 28% à 3 points, il apportera en défense et proposera quelques contres étouffants comme ceux dont il a gratifié le public de Vegas en Summer League ou celui du Toyota Center depuis le 19 octobre dernier.

Pour le moment, Alperen Sengun c’est : 8.6 points, 4 rebonds, et presque 2 passes de moyenne, à 50% aux tirs ET à trois-points. Un joueur capable de nous sortir des coups de génie, ce qui lui coûte quelques petits déchets offensifs et des turnovers trop facilement négociables pour l’adversaire.

A surveiller: son utilisation par le coach, sera-ce au poste 4 ou au poste 5 ? Quel rôle également pour ce big man polyvalent, fin technicien et joueur intelligent, mais aussi mal pourvu en terme d’athlétisme pur ? Pour le moment, plutôt poste 5 derrière Theis – qui doit d’ailleurs faire attention à son statut provisoire de titulaire – il ne sera certainement pas une première ou seconde option en attaque, mais il pourrait être ce genre de joueur utile et discret qui, très vite, convainc le coach de l’intégrer davantage dans la rotation fort d’un +/- intéressant, ou par sa complémentarité avec des joueurs rapides et dangereux à l’extérieur tels Porter Jr ou J Green, par exemple… Une belle pépite à suivre, européenne et inconnue des bataillons, mais très apprécié des analystes pour son apport en “sous-marin”.


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