Cela fera 24 heures que James Harden n’est plus un Houston Rockets. Je n’avais pas les mots, et ai toujours du mal à les trouver. Avant de me lancer, je vous promets d’essayer d’être concis, mais c’est terriblement difficile pour être honnête. Lettre ouverte à James Edward Harden Jr, c’est parti.

Que dire…Plus de 8 années de collaboration, c’est ainsi que les autres caractériseront son passage aux Houston Rockets. Mais, ça va bien au delà de ça. C’est pratiquement une décennie durant laquelle je t’idolâtrais et te prenait comme exemple, et ce, jour et nuit. Sans toi, et ton style si particulier, je ne serais pas ici. Je ne serais pas à la tête de la première page européenne des fans des Rockets. Je ne serais pas celui que je suis à l’heure d’aujourd’hui. Parce que oui, tu as changé ma vie, et celle de milliers de fans je pense. Revenons au tout début. Nous sommes en décembre 2012, je suis un jeune étudiant pratiquant et grand fan de rugby. Je m’en rappelle comme si c’était hier…Je devais prendre mon avion pour l’Ile Maurice, avec ma famille. Et c’est le retard de cet avion qui fera naitre cette histoire commune qu’on aura partagé autant de temps : avec plus de 2h00 de temps libres, je suis tombé par hasard sur tes highlights. Comment dire…J’aimais regarder le basket de temps à autre, mais n’était pas véritablement plongé dedans. Et toi, j’ai accroché direct. Le style si particulier, que ce soit physiquement ou sportivement, l’impression de voir un artiste sur un parquet NBA. Tu étais encore jeune, tu venais d’arriver dans cette franchise rouge et blanc, mais tu me paraissais déjà tellement fort. C’est donc comment cela que cette belle histoire entre Harden et moi, puis Houston et moi, vu le jour.

Progressivement, j’ai accroché la NBA et tes exploits. Des personnages comme Delfino, Beverley, Ariza, Terry, Brewer, Motiejūnas ou encore Parsons, m’ont fait rester. Tu m’as fait aimer cette franchise, sa culture, sa ville, plus globalement Houston. Que c’était dur au début. Les résultats n’étaient pas vraiment là, et ensuite de rageantes désillusions sont intervenues. Je n’ai pas lâché, je suis resté fidèle à cette équipe, et à toi James. Avec du recul, je pense même que ces déceptions, et ce dur labeur qui nous attendait tous les ans, n’ont fait qu’amplifier mon amour pour les Houston Rockets. Des souvenirs ? Il y a en tellement, il y en a trop. Tes premiers matchs sous le maillots des Rockets, ta barbe grandissante année après année, tes premiers cartons contre tes anciens potes du Thunder, la remontada historique face aux Clips en 2015, tes premières médiatisations people, ton début de prime, tes 32 matchs de suite à 30 points, ton 60-10-11, tes games le soir du nouvel an, ton titre de MVP tes records soirs après soirs…Pwah, en retenir un seul sera compliqué.

Je me suis toujours demandé, que vais-je raconter à mon fils plus tard ? Que j’ai grandi avec l’un des joueurs les plus talentueux de sa génération ? Que j’ai regardé tous les soirs l’un des meilleurs scoreurs de l’histoire ? Que j’ai assisté à l’un des primes les plus violents de ce siècle ? Je lui raconterai tout ça ? Il va me falloir des heures et des heures. Je ne crois pas qu’on réalise la chance qu’on a eu, de pouvoir voir sous nos yeux l’un des meilleurs joueurs à son poste dans l’histoire de ce sport. Un joueur avec un style si particulier, qui a tout de même pu révolutionner une partie de ce basket moderne. Un créateur, un artiste, un monstre…Beaucoup de choses réunies, malgré le fait que l’histoire de Harden aux Rockets n’a pas été tout rose non plus. Il en a connu des échecs, et des terribles. Pour le moment, aucun titre à son actif. Il en est passé tout proche en 2018…La cuisse de Chris Paul, rah la vache. Elle va me hanter longtemps celle-là. Que l’on soit clair, sans cette terrible blessure : Houston est champion cette année-là et l’histoire, notre histoire, prend un tout autre tournant. Les Rockets de James Harden aurait renversé la meilleure équipe de tous les temps, en 6 ou 7 matchs, et le titre serait revenu de la plus belle des manières à Houston, avec Harden en MVP des Finales. Depuis que je suis fan de cette équipe, j’ai le sentiment que Harden nous doit une bague, il doit une bague à la ville. J’ai encore l’espoir qu’il le fera, malgré le trade d’hier soir. C’est comme ça, ton héros te fera toujours espérer et rêver.

James a toujours été mon héros, dès les premières minutes, je sens que je l’ai toujours su. Un gars aussi talentueux, qui me paraissait inhumain, mais pourtant en qui je me suis reconnus. Oui, ça peut paraitre bizarre mais c’était le cas. Sur certaines nuits, il me faisait rêver. Et sur d’autres durant lesquelles c’était plus compliqué, je compatissais et me reconnaissais en lui. Physiquement, rien à voir soyons clair, mais j’ai très vite identifié ses défauts et ses faiblesses. A l’époque, quand j’étais plus jeune, je faisais de l’asthme tout comme James Harden adolescent. Pareil, je n’étais pas un grand leader vocal comme d’autre au sport. Ca peut paraitre con hein, mais ça a compté dans ma passion pour ce joueur. De toute façon, quand on est jeune, on veut forcément ressembler à son idole.

2012-2021. On en aura fait du bout de chemin ensemble. On en aura passé des nuits ensemble. Toi sur un parquet, moi derrière mon écran. J’ai grandi avec toi, tu étais en quelque sorte le grand frère que j’ai jamais eu, l’exemple parfait du gars parti de rien et qui a réussi…Tu représentais beaucoup de choses pour moi. Imaginez une personne qui a une influence sur toi au quotidien, qui accompagne tes journées et tes nuits pendant 8 ans, et qui disparait tout d’un coup. Je ne souhaite ce sentiment à aucun fan. La fin de ton passage n’aura pas été le plus beau chapitre, mais je vais essayer de me souvenir des meilleurs moments. J’espère un jour pouvoir te pardonner. Parce que oui, je t’en veux d’avoir abandonné. Abandonner le projet de toute une franchise, le projet de toute une ville, qui comptait sur toi. Tu veux gagner ? Certes. Mais gagner avec ta franchise, et non pas en rejoignant une superteam, n’aurait pas eu de prix. J’ai toujours espéré ce moment où j’aurais pu crier haut et fort : Harden et les Rockets sont champions NBA ! J’y ai toujours cru…Ca me travaillera pendant longtemps cette histoire qui se finit sur un goût d’inachevé. Me dire que j’ai assisté aux débuts d’un monstre et d’une légende de cette franchise…Bon c’est le gars, mais en te retirant sous le maillot des Rockets aurait été merveilleux. Quelle histoire n’empêche, quelle histoire. On ne reverra sans doute pas de joueurs aussi impactant, aussi influant et aussi doués que toi à Houston d’ici très très très longtemps. Je finirais cette lettre en disant que les franchises restent pendant que les joueurs disparaissent.

Adieu, James.

H-Town pour la vie.